Dato: 26. juni 1833
Fra: H.C. Andersen   Til: Heinrich Heine
Sprog: fransk.

Monsieur!

Le moment après vous avoir parlé hier je me rappelais qu'il m'était impossible de venir vous joindre lundi prochain à 3 heurs, étant engagé ailleurs déjà dépuis plusieurs jours, mais je puis venir à 4 heures & demi s'il ne sera pas trop tard pour avoir le bonheur de vous trouver. Si je ne suis pas assez heureux de vous voir lundi, je prends la liberté de me présenter chez vous le jour après.

J'avais commencé cette petite lettre en allemand, mais à vous parler franchement, j'ai eu peur de pécher trop contre les règles de la grammaire. Voilà donc la raison que vous l'aurez en français. Les pensées sont en danois et les miennes, mais un de mes compatriotes les traduirent et me dictet ces mondits mots étrangers, par lexquels je ne conçois pas qu'on pouisse parle de coeur à coeur.

O! pourqoui ne comprenne vous pas danois. -

Il m'était une surprise agréable hier de vous rencontrer et de faire votre connaissance. - Ma phantaisie s'est longtemps occupée de vous; j'ai compris l'esprit qui vous a fait écrire. - Jamais poëte n'a parlé / à mon âme tout que vous, et s'il vous est agréable comme je suppose de savoir que vous etes aimé je vous déclare que vous n'avez jamais eu d'admirateur plus zélé que moi. - Je vaudrai que vous sussiez danois. - Vous verriez alors dans mes poesies mêmes que vous êtes celui des auteurs modernes qui ait eu le plus d'influence sur moi et sur mes ouvrages.

J'ai désiré ardemment de vous voir, de vous parler, mais il y avait, je ne sais quoi, qui me retenait. - J'ai crains que vous ne le trouviez trop hardi d'un jeune poëte sans nom qui entre à peine dans le monde, de se présenter devant vous, n'ayant d'autre titres pour vous approcher que queleques poésies obscures, écrites dans une langue qui n'est guère connu que dans le nord. - Le hasard a favorire mes voeux, mais mon bonheur me venait trop subitement pour que j'eurre le tempse de le comprendre. - Je voudrai / certainement parer fol et insipide, mais je ne le sais que trop; je l'ai senti; la véneration profonde, dont je suis pénétré, pour vos facultés superieurs et l'amour, que j'ai pour vous et pour tout ce que vous avez écrit, qui est comme tiré du fond de mon âme. - Je ne possède ici qu'un seul cahier de mes petites poêsies. Je prends la liberté de vous l'envoyer comme une faible marque de mon estime et de mon attachement.

Vous saurez peut-être un jour lire Danois! En attendant j'ai copié quelquesunes des traductions allemandes de mes poësies et les joins ici. Pouissont-elles vous inspirer une bonne opinion des originaux et de l'auteur. - Votre très affectionné

P.S. Mon interprête qui n'est nullement poëte implore votre indulgence sur la mauvaise manière dont il a rendu mes pensés, et vous prie de n'en [overstr: prendre ] saisir que l'esprit. -

homme de lettre

Tekst fra: Solveig Brunholm (microfilmscan 13, 886-89)