Dato: 7. december 1869
Fra: J. J. L. ten Kate   Til: H.C. Andersen
Sprog: fransk.

Amsterdam le 7 decembre 1869.

Mon très cher et honoré ami,

Voila done plus de dix mois écoulés depuis le jour ou j'ai reçu la chere votre par laquelle vous me donniez la douce assurance que l'envoi de ma reproduction de vos contes ne vous a point déplu! [Ten Kate beklager, at en udflugt til Prag og Wien forhindrede ham i at besøge Andersen i København i denne sommer] Maintenant avant que l'an ait fini sa carrière, il me faut acquitter une dette de coeur en vous témoignant ma vive reconnaissance. Je n'ai pas mérité le zèle avec lequel vous vous êtes empressé d'offrir à Sa Majesté, votre Auguste Souverain, ma lettre danoise et mon envoi de vos contes habillés en vers hollandais. Je me suis rejoui de la bienveillance de Sa Majesté dont vous vous avez fait l'interprète gracieux.

Mais mon cher ami! figurez-vous mon étonnement et ma déception: jusqu'a ce jour-ci Sa Majesté n'a pas daignée m'adresser officiellement un seul mot, de manière que le "foreløbig" en est toujours là!

"Beau rayon d'un jour qui n'a point apparu."

Je suppose que Sa Majesté - et certainement il y a de quoi - n'ait oublié totalement l'humble étranger qui osa pour un moment faire un appel à sa sympathie. Mais vous ne m'avez point oubIié! Les vrais poètes sont les seuls rois qui n'oublient jamais, parce que chez eux l'amour est la mémoire du coeur.

En signe que ni moi non plus, quoique pauvre vasal aulieu de noble souverain, je ne pourrais vous oublier, o mon poète chéri, admirable conteur, dont les compositions naives et profondes expriment toutes les mystères du coeur et toutes les harmonies de la nature! daignez accepter la nouvelle edition de ma poème de Schepping ("la Creétion") que je vous enverrai aujourd'hui même par le paquebot de M. van Hengel pour être suivi bientôt de mon nouveau tableau "les Planètes"!

Ah! que vous puissiez savourer tout l'arôme de notre belle langue, digne soeur de la votre!

Adieu! cher ami, que Dieu vous prenne en sa Sainte et Sauve Garde!

Tout à vous

J. J. L. ten Kate.

Tekst fra: Solveig Brunholm