L'enfant mourant
Ma mère, je suis las, et le jour va finir:
Sur ton sein bien-aimé laisse-moi m'endormir.
Mais cache-moi tes pleurs, cache-moi tes alarmes:
Tristes sont tes soupirs, brûlantes sont tes larmes.
J'ai froid. Autour de nous regarde: tout est noir;
Mais lorsque je m'endors, c'est un bonheur de voir
L'ange au front rayonnant qui devant moi se lève,
Et les rayons dorés qui passent dans mon rêve.
N'entends-tu pas des chants, des chants harmonieux,
Tels qu'un jour nous devons en écouter aux cieux?
L'ange est à mes côtes; il m'appelle, il m'attire;
Je l'entends qui me parle, et je le vois sourire.
Je vois de tous côtés d'admirables couleurs:
C'est l'ange aux ailes d'or qui me jette des fleurs.
Dans ce monde, ma mère, aurai-je aussi des ailes?
Ou bien faut-il mourir pour les avoir si belles?
Pourquoi me presses-tu tristement dans tes bras?
Pourquoi ces longs soupirs que je ne comprends pas?
Pourquoi ces pleurs ardents sur ta joue enflammée?
Oh! tu seras toujours ma mère bien-aimée.
Mais, je t'en prie encor, ne pleurs pas ainsi.
Si je te vois souffrir, hélas! je souffre aussi.
J'ai mal, et la douleur assoupit ma paupière.
Adieu. L'ange m'embrasse. Adieu, ma pauvre mère.